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Bénin : ‘’Didę’’, une pièce chorégraphique pour porter la voix des femmes

Bénin : ‘’Didę’’, une pièce chorégraphique pour porter la voix des femmes

A l’Institut français de Cotonou, la pièce chorégraphique « Didę » a été présentée samedi 28 septembre 2019 aux publics. A travers cette œuvre, l’artiste française, Sarah Trouche et le Béninois, Marcel Gbeffa veulent porter haut la voix des femmes.

A l’Institut français de Cotonou, la pièce chorégraphique « Didę » a été présentée samedi 28 septembre 2019 aux publics. A travers cette œuvre, l’artiste française, Sarah Trouche et le Béninois, Marcel Gbeffa veulent porter haut la voix des femmes.

sepctacle-dide-ifb Sur la scène de « Didę » à l'IFB

Des masques Gèlèdè sur scène, des chants avec quelques mots en langue Yoruba. Nous ne sommes pas à une cérémonie nocturne en l’honneur de la reine-mère à Kétou, ville située à l’Est du Bénin. Ici, nous sommes à l’Institut français de Cotonou ce samedi 28 septembre 2019 où « Didę, » une pièce chorégraphique inspirée du Gèlèdè est présentée.

Au milieu de la scène, cinq hommes esquissent des pas de danses autour de masques Gèlèdè, synonymes de vénération dans la tradition Yoruba. Ils symbolisent en effet, une société hiérarchisée autour des « reines-mères ». Ces femmes qui se réunissent la nuit. Elles sont dépositaires d'importants pouvoirs dans les sociétés secrètes et peuvent influencer sur les décisions des autorités traditionnelles en dénonçant les travers des hommes.

Et c’est à dessein que des hommes sont uniquement choisis pour présenter Didę, cette pièce chorégraphique qui tente d’explorer les relations entre traditions et contemporanéité vue sous l’angle du rôle de la femme dans un monde devenu patriarcal.

Ces masques Gèlèdè utilisés par ces danseurs – en sueurs froide à l’Institut français de Cotonou – sont bâtis sous le même format, un visage du type masque-heaume (enveloppant toute la tête) et une scène qui se développe sur le haut du masque. Ceux-ci sont utilisés dans le cadre de cérémonies traditionnelles dédiées aux femmes dans leur dimension maternelle. En milieu Yoruba, apprend-t-on, le pouvoir des femmes apparaisse comme ambigu.

 « Didę » pour l’égalité entre hommes et femmes

 

vue-de-la-scene Vue de la scène

« Didę » signifie littéralement « Mets-toi debout » en Yoruba, une langue parlée au Bénin, au Nigéria et dans d’autres pays de l’Afrique. A travers ce projet née en novembre 2018 à Cotonou, l’artiste française Sarah Trouche et Marcel Gbeffa veulent changer la mentalité des hommes sur le rôle important des femmes dans la survie de notre monde.

L’œuvre de l’artiste est surtout inspirée du Gèlèdè, ce masque sacré, classé patrimoine oral immatériel, mondial de l’UNESCO. « Didę est pour moi un manifeste, une nouvelle manière de voir le monde. Et on part des masques Gèlèdè portés par des danseurs, ce masque comme on le sait, ça rend hommage à la mère créatrice », raconte Sarah Trouche quelques minutes après la présentation chorégraphique sur la grande scène de l’Institut français de Cotonou.

spectacle-dide-ifb-2 Démonstration

Pour elle, ces masques représentent une façon de prôner l’égalité entre hommes et femmes. Cette pièce, fait-elle remarquer, est une manière de demander aux hommes de participer à l’émancipation de la femme. « Parce que de nos jours, il y a plusieurs projets et c’est plusieurs femmes qui se lèvent, qui se battent et il faudrait que les hommes contribuent à cela », a-t-elle ajouté.

Grâce aux performances du chorégraphe Marcel Gbeffa et des quatre danseurs, Didier, Orphée Arouna et Bonaventure, une vie artistique a été donnée à ses sculptures de masque Gèlèdè réalisées par Sébastien Boko et Albert Tossa. « Nous, ce qui nous intéressait, c’est de mélanger les disciplines et les points de vue et permettre de faire une proposition transversale qui puisse parler d’une société contemporaine, qui part du Bénin, de Cotonou et qui puisse se propager et de faire passer un message et de donner envie aux autres de se lever, de s’engager dans cette reconnaissance des femmes », signale Marcel Gbeffa après sa prestation.

« Didę », la Pièce chorégraphique présentée samedi par l’équipe artistique de Marcel Gbeffa est le fruit de deux résidences de création au Centre Chorégraphique Multicorps de Cotonou. En 2020, l’équipe artistique poursuivra ce process lors d’une résidence au Centre de Développement Chorégraphique National de Paris avant de débuter sa tournée internationale.