. . .

Archives

Coronavirus en Afrique : réserves et interrogations de Boni Yayi sur l’annulation de la dette

Coronavirus en Afrique : réserves et interrogations de Boni Yayi sur l’annulation de la dette

L’ex-président béninois, Boni Yayi a évoqué dans une tribune publiée mercredi 29 avril 2020 l’épineuse question de l’annulation de la dette des pays africains dans la riposte contre le coronavirus. Il s’est montré favorable mais s’interroge sur les possibles conséquences.

L’ex-président béninois, Boni Yayi a évoqué dans une tribune publiée mercredi 29 avril 2020 l’épineuse question de l’annulation de la dette des pays africains dans la riposte contre le coronavirus. Il s’est montré favorable mais s’interroge sur les possibles conséquences.

boni-yayi Boni Yayi

Le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale doivent-ils annuler la dette pour aider les Etats africains à mieux faire face à l’épidémie du coronavirus ? L’économiste et ancien président de la Banque Ouest-Africaine de développement (BOAD), Boni Yayi est proche du courant partagé par le président sénégalais Macky Sall, qui souhaite l’annulation pure et simple de la dette africaine. 

« Je pense qu’il y a essentiellement deux défis à séparer : dans un premier temps, celui de mobiliser des nouvelles ressources pour le financement de la riposte à la crise du virus ; ensuite celui de l’annulation de la dette de l’Afrique dans le cadre d’un partenariat stratégique sans entamer l’attractivité du continent », a écrit Boni Yayi dans une tribune publiée dans le Journal Le Monde Afrique sur la riposte du COVID-19 en Afrique.

Si l’ancien président béninois est favorable à l’annulation de la dette africaine, il a néanmoins posé la question sur les éventuelles conséquences de cette décision notamment pour l’accès aux financements de la FMI et de la Banque mondiale. Pour ce qui est de l’annulation de la dette de l’Afrique dans la riposte contre le Covid-19 en Afrique, l’ex-chef d’Etat béninois parle d’un sujet qui a souvent « suscité l’hésitation des Etats créanciers ». 

« En me référant à la réticence du G20 qui voudrait s’en tenir aux moratoires du paiement du service de la dette d’un an, je salue l’initiative de l’Union africaine (UA) de mettre en place un comité qui, outre la lutte contre la pandémie de Covid-19, donnerait une impulsion à la requête des Africains sur l’annulation de leur dette », fait-il remarquer.

Boni Yayi a souligné que dans les années 1990 l’Afrique avait déjà bénéficié de l’initiative PPTE (pays pauvres très endettés) avec une annulation de « la dette bilatérale et multilatérale » de certains pays africains. Cette initiative, explique l’économiste, a jeté un doute sur la solvabilité des pays africains. « Si cette requête (d’annulation de la dette, ndlr) devait être prise en compte, ne susciterait-elle pas quelques questions au niveau des banques multilatérales ? », s’interroge-t-il. 

L’ancien dirigeant de la BOAD précise qu’une annulation de la créance des pays africains entraînerait des « impacts sur leur solvabilité ». « Au niveau des Etats, les négociations sont possibles, mais ce sont les mêmes créanciers qui alimentent les institutions multilatérales. Autant d’obstacles qui prendront beaucoup de temps, alors que le traitement de ce coronavirus nécessite une célérité des actions à mener pour contenir les ravages humains et économiques », ajoute Boni Yayi.