Des combattants djihadistes
Si conclue, l’adhésion du Maroc et de la Tunisie à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) engendrerait de l’insécurité dans la sous-région ouest-africaine. C’est ce que démontre Alioune Diop, colonel à la retraite de l’armée sénégalaise et ancien conseiller principal en sécurité des Nations Unies dans une tribune publié sur le site du think tank Wathi.
En prélude au sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cedeao à Abuja, le 16 décembre 2017, qui devrait se pencher sur le dossier de demande d’adhésion du Maroc et la Tunisie à la Communauté, le colonel Diop a publié sa réflexion pour attirer l’attention des dirigeants sur les risques sécuritaires de l’adhésion des deux pays.
Il a rappelé que des centaines de ressortissants marocains et tunisiens font partie des djihadistes en Syrie et en Irak. Pourtant, avec la perte de terrain par cette organisation terroriste dans ces deux pays asiatiques, les djihadistes se replient dans leur pays d’origine. D’ailleurs depuis plusieurs années, temps, des centaines d’africains, ex-combattant de l’Etat islamique en sont retournés sur leur terre dont le Marco et la Tunisie. Ils représentant donc une menace sécuritaire pour le continent, qui pourrait de l’avis des experts, devenir leur tanière.
Cedeao: prochaines Syrie ou Libye?
«Il ne fait désormais aucun doute que la menace de l’arrivée, voire la déferlante, de djihadistes sur le continent, dans un proche avenir, est une grave menace pour les Etats, les populations comme pour les étrangers qui y vivent, ainsi que pour leurs intérêts et leurs investissements», prévient le colonel Alioune Diop. Le consultant-chercheur en paix-sécurité-réinsertion poursuit: «Force est de constater que la probabilité de l’effectivité de cette menace sera plus faible pour les populations de Pretoria (Afrique du Sud), d’Addis-Abeba (Éthiopie), Kinshasa (République démocratique du Congo), ou Libreville (Gabon) que pour Bamako (Mali) et Ouagadougou (Burkina Faso). En clair, au-delà de la zone du Sahel, c’est bien l’espace géographique de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) qui sera en première ligne en termes de vulnérabilité, avant que les autres communautés économiques régionales ne soient atteintes.»
Il fait savoir que «la vulnérabilité de la Cedeao risque d’être encore plus préoccupante en cas de validation de la demande d’adhésion dans l’organisation régionale comme membres à part entière du Maroc et de la Tunisie. Et plus tard, sans doute, de l’Algérie. Le principe acquis de la libre circulation des personnes et des biens et le droit d’établissement risquent de favoriser le repli de djihadistes dans la région.»