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Bénin-Résidence «Les filaos» : les Kérékou et Orounla se mangent le nez

Bénin-Résidence «Les filaos» : les Kérékou et Orounla se mangent le nez

Depuis le passage de véhicules pour vider la résidence « Sous les filaos », on assiste à des prises de parole entre la famille Kérékou et le gouvernement.  

Depuis le passage de véhicules pour vider la résidence « Sous les filaos », on assiste à des prises de parole entre la famille Kérékou et le gouvernement.  

maison-kerekou-alain-orounla-moise-kerekou Moise Kérékou (à.g.) et le ministre Alain Orounla

« Nous ne nous battons pas pour un lopin de terre mais pour la sauvegarde de la mémoire de notre père », a écrit sur les réseaux sociaux Lambert Kérékou. Celui qui se considère comme le secrétaire général de la famille Kérékou répondait ainsi au porte-parole du gouvernement, Alain Orounla. Ce mercredi 6 novembre, répondant à une question de la presse lors de son point de presse après le conseil des ministres, le ministre de la communication a insisté que la résidence « Sous les filaos » appartient à l’Etat et non à la famille Kérékou.  Maître Alain Orounla a ajouté, sans nommer la vingtaine de fils de feu Kérékou qu’ « ils voudraient voir le domaine morcelé et le vendre » si la résidence appartient à leur père. Il annonce qu’il s’agit d’embellir le domaine laissé à l’abandon, d’y ériger un monument aux morts dédié à la mémoire de tous les résistants morts pour la patrie – Mathieu Kérékou en fait partie selon le porte-parole du gouvernement – et d’y construire « Les Jardins de Mathieu ». « Il n’y a pas meilleure illustration de ce que ce jardin intemporel est là pour rappeler la mémoire du général Mathieu Kérékou », croit savoir l’avocat de profession. Le secrétaire général de la famille Kérékou ne le voit pas de cette façon. Lambert Kérékou s’interroge : « Entre un musée et un Jardin qu’est-ce qui honore mieux l’homme ? ». Il n’y a pas répondu lui-même, laissant le soin, écrit-il, à chaque Béninois. Non sans qualifier les propos du ministre Orounla de « ridicules et décousus ».

ping-pong

Ces deux prises de position interviennent après une publication sur les réseaux sociaux de l’ancien ambassadeur Moïse Kérékou, le jour même de l’évacuation du domicile où son père a vécu entre 1965 et 2015, année de son décès. Depuis lors, le ministre de la communication qui gère l’une de ses patates chaudes depuis son entrée en fonction en septembre dernier, est sorti trois fois sur ce qu’il a qualifié de « polémique ». Maître Alain Orounla, hormis le conseil des ministres, était sur la chaîne de télévision privée Canal 3 et sur la télévision nationale, comme s’il voulait se faire entendre jusque dans le village où est enterré Mathieu Kérékou, dans la commune de Toucountouna, au Nord du pays. Au total, on a assisté à trois sorties du ministre du gouvernement contre deux de la famille Kérékou en l’espace de 72heures. En attendant d’autres prises de positions. Elles toutes visent ou veulent viser un objectif : faire passer au sein de l’opinion publique la version des faits, la conviction de chaque camp. Et ça marche !!! Sur les réseaux sociaux, les supporters de chaque camp s’affrontent.

Le Caméléon

Les positions sont si antagoniques qu’on s’y perd un peu, chacun prenant la couleur qui l’arrange. Mais le sujet est délicat. Si la résidence « Les filaos » a abrité quelqu’un qui est devenu un simple citoyen depuis avril 2006 et est décédé neuf ans plus tard, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit de Mathieu Kérékou. Le capitaine devenu général a dirigé et marqué la vie du pays pendant au moins 27 ans, c’est-à-dire les 17 ans de la période révolutionnaire et ses deux mandats de l’ère démocratique, entre 1996 et 2006. Le règne du « Caméléon » a forcément laissé des traces dans l’histoire du pays et elles  sont encore perceptibles. Voir ses affaires sorties du lieu où il a passé une grande partie de sa vie a dû heurter la sensibilité de plus d’un. Le gouvernement se serait bien passé de ces images qui ont circulé sur les réseaux sociaux de costumes, de valises, de voitures ramassés manu militari en prenant des dispositions dissuasives.